Nous sommes conditionnés tel un poisson dans son aquarium
Nous vivons chacun·e dans notre bulle, avez-vous essayé de percer la vôtre ?
La semaine dernière j’ai écouté le formidable épisode #206 de Génération Do It Yourself (GDIY pour les intimes 😉) avec Nicolas Hennion et malgré les 198 minutes d’épisode, je ne me suis pas ennuyée une seule seconde et je suis restée captivée du début à la fin !
En effet, ce qu’il a partagé tout au long de l’épisode autour de la notion d’”aquarium” qu’il utilise pour illustrer la manière dont notre cerveau traite les informations a beaucoup résonné en moi.
Dans l’interview, Nicolas explique que notre esprit est tel un aquarium dont nos peurs et nos croyances forment les vitres. En bref, l’intérieur de l’aquarium représente notre zone psychique “de confort” : c’est ce que notre cerveau valide comme étant cohérent avec nos croyances. L’extérieur de l’aquarium illustrera ce qui est hors de notre zone de validation, c’est ce qui va nous déranger et remettre en cause ce en quoi l’on croit.
Par exemple, ayant été élevée par des parents très averses au risque, le fait de mener une vie d’entrepreneure se situait initialement à l’extérieur de mon aquarium et j’avais une croyance très ancrée comme quoi “L’entrepreneuriat, c’est le mal parce que beaucoup trop risqué !”.
J’ai alors dû faire un travail profond sur mes croyances, mes peurs et mes injonctions afin de briser cette vitre et accéder à ce qui se trouvait derrière.
Conditionnement ou “vitre” numéro 1 : vos peurs
Nicolas Hennion termine l’épisode en concluant que la meilleure version de nous-même se trouve “derrière nos peurs”. Il explique alors qu’il s’affaire à les identifier et les “dissoudre” une par une.
Une peur est un mécanisme de protection issu d’un traumatisme. Ce traumatisme peut être issu de l’enfance, le moment de notre vie où nous étions réellement vulnérable et dépendant, ou alors de notre mémoire cellulaire et transgénérationnelle.
Pour comprendre les peurs issues de l’enfance, le livre de Lise Bourbeau est une référence (Il y a un avant et un après avoir lu ce livre je vous le garantis 😉). Il présente les 5 blessures de l’enfance : l’abandon, le rejet, la trahison, l’humiliation et l’injustice.
Pour les peurs transgénérationnelles, elles nous sont transmises au sein de notre lignée ou même plus largement de notre espèce : même si nous ne faisons pas attaquer par un serpent au cours de notre enfance, nous aurons tout de même peur des serpents à l’âge adulte car l’humain a appris en tant q'u’espèce que c’était un prédateur.
J’ai moi-même compris récemment que ma peur d’entreprendre seule ou d’être célibataire avait été créée par le traumatisme que j’ai vécu à ma naissance quand, en tant que bébé né prématurément, j’ai été arrachée à ma mère dès que je suis née. Mais 28 après, cette peur n’est ni légitime ni adaptée à mon environnement !
C’est en dépassant ma peur de l’abandon que j’ai pu m’épanouir à la fois en tant que “solo preneur” et femme célibataire.
Alors, comment travailler sur ses peurs ?
L’opposé de la peur est la confiance dans le fait que vous avez les ressources nécessaires pour vous relever des potentiels traumatismes à venir. Dans mon cas, j’ai dû revivre l’abandon tant sur le plan professionnel (me retrouver seule à lancer Misfit alors que nous avions commencé à travailler à deux sur le projet 😑) que personnel (me faire larguer le jour du décès d’un proche 😱!) et m’en relever pour que tout mon corps et mon âme comprennent que je peux survivre à l’abandon.
Aujourd’hui cette peur de l’abandon a disparu et je me sens beaucoup plus libre !
Conditionnement ou “vitre” numéro 2 : vos croyances
Une autre vitre de votre aquarium est constituée de vos croyances limitantes.
Beaucoup de croyances sont créées par des peurs, mais d’autres sont générées par ce que vous avez pu absorber de votre environnement : vos proches, amis, vos collègues, ce que vous lisez, ce que vous entendez dans la rue, etc…
Nous sommes tous des éponges : si je n’ai pas réussi à me projeter plus tôt dans l’entrepreneuriat, c’est notamment parce que je n’avais jamais rencontré de femme entrepreneure, et que de fait j’avais intégré la croyance que “Je n’avais pas les attributs pour être une femme entrepreneure : pas de légitimité, trop peu d’expérience, pas forcément les capacités managériales ou techniques”.
Je m’imaginais quelles pourraient être les caractéristiques d’une femme entrepreneure et je me disais à tort que je ne cochais pas du tout ces cases.
C’est en rencontrant une femme entrepreneure à laquelle j’ai réussi à m’identifier que j’ai pu faire fondre cette croyance limitante. Elle me ressemblait en beaucoup de points, ce qui m’a permis de projeter sur ma vie son parcours et ses accomplissements.
Et voilà qu’une nouvelle vitre de mon aquarium venait de se briser !
Conditionnement ou “vitre” numéro 3 : vos injonctions
Les injonctions sont peu développées par Nicolas mais elles constituent selon moi une vitre bien épaisse de l’aquarium.
Qu’est-ce qu’une injonction ?
Une injonction est la voix qui passe dans votre tête en commençant par “il faut” ou “je dois”, sans avoir vraiment de raison d’être là. Cela peut être “Il faut que j’achète un appartement avant 30 ans et une maison de vacances avant 50 ans”, ou encore “Je dois sécuriser ma vie avec un CDI”.
Quand vous entendez ce type de phrases passer, demandez-vous “Pourquoi ?” :
“Finalement, pourquoi est-ce que je devrais acheter un appartement avant 30 ans ?”
“Pourquoi un CDI sécuriserait t-il ma vie mieux qu’un autre format de travail ?”
Si vous voyez que vous n’avez pas de vraies raisons de vous imposer ces choix de vie, vous vous retrouvez probablement face à une injonction.
Comme les croyances, elles sont acquises et ne font pas partie de votre personnalité. Elles fonctionnent comme un programme que votre cerveau a décidé de vous projeter parce qu’il pense que vous serez mieux protégé·e comme ça. Mais en réalité, il est juste allé chercher ce qu’il y avait de plus simple : ce à quoi vous avez été exposé·e récemment !
Dans mon cas, je ressentais une injonction forte qui me disait que “la première version de mon entreprise devait être parfaite”. Je ne saurais pas expliquer comment cette injonction s’est créée mais ça vient probablement du fait que mes parents valorisaient plus le fait d’avoir 20 / 20 aux examens que le fait d’avoir une belle progression tout au long de l’année.
Cela a ancré en moi une injonction à faire les choses parfaitement, qui s’avère être une façon de penser complètement contre-productive quand on souhaite se lancer dans l’entrepreneuriat !
J’ai réussi à me libérer de cette injonction en me focalisant sur l’apprentissage plus que sur la perfection du résultat, qui est une approche décrite dans le concept de Growth Mindset par Carol Dweck.
Toutes ces étapes de bris de vitres de votre aquarium s’appellent le déconditionnement. Plus vous vous déconditionnez, et plus vous vous sentirez libre et à votre place ! Comme un poisson dans l’eau … 🐠
Quand j’écris, je mets ma playlist Spotify en shuffle. Voici les pépites qui m’ont accompagnée lors de l’écriture de cet article 🎧